Pratiquer - par Cindy Vaillant
Selon Cindy Vaillant, Responsable de production & diffusion, Tréteaux de France (2023).
Dans pratique amateure il y a le mot « pratiquer ». Pratiquer implique pour moi une notion de rigueur. Faire avec rigueur. Cela demande donc un engagement voir une discipline. Alors peut-être cela éloigne la notion de plaisir pour mettre au premier plan celle de l’apprentissage. Mais acquérir une connaissance, un savoir, n’est-elle pas plaisante ? Bien sûr que si.
Pour moi, la pratique amateure s’est rencontrée lorsque je me suis inscrite à mon club de boxe française. La boxe n’est pas n’importe quel sport. Il est intense, dur, peut être perçu comme violent et sollicite tout le corps, tous les sens. Cela m’a donc demandé un véritable effort d’investissement pour y aller mais surtout y retourner, une fois, deux fois, trois fois, en été comme en plein hiver. Sortir de la salle épuisée par l’effort, des bleus fleurissant sur les jambes et les cheveux mouillés, pour retraverser Paris en métro et rentrer chez moi. Avoir envie de recommencer malgré tout. Progressivement jauger, échanger avec mes adversaires, puis sympathiser, créer des liens avec mes partenaires. Jusqu’au jour où je me suis inscrite à une compétition, amateure. Se retrouver devant le miroir un dimanche matin à 7h m’a fait me demander ce que je faisais là, ce que je m’infligeais là. Ce n’était pas sans savoir l’immense fierté à la fin de la journée d’avoir participé. De m’être justement levée tôt, rendue dans un gymnase inconnu, échauffée dans un espace inconnu, pour boxer contre des inconnus. Mais tout cela ensemble. Supportée par mes camarades du club, tout redevient familier. Cela m’a galvanisée. Un club, un regroupement amateur, qu’il soit sportif ou artistique, serait-il comme une famille ? C’est en tout cas une relation qui se créer, entre la pratique et les pratiquants. C’est aussi un atout, un allié, une corde de plus à notre arc.
Sans me définir, la boxe est venue me constituer. Elle est comme un repaire, comme une vertèbre à la colonne. Je pourrais arrêter mais peut-être alors, sans cette vertèbre, je marcherais moins bien. Alors je l’y laisse à sa place, avec d’autres, et avance avec.
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